Introduction
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Vous arrivez à présent dans l’univers de Claude Braun et découvrez ici son exposition intitulée « H-Impact ». Il y a des œuvres avec des titres et des œuvres sans titre. Pour l’artiste, il est important de laisser le champ libre à l'interprétation personnelle par rapport à une œuvre.
Braun est tout en paradoxes : l'ombre côtoie la lumière ; le symbole se marie à l'utilité ; la géométrie laisse place aux lignes abstraites ; cet aspect de la personnalité de l'artiste montre que tout en étant très conscient, il donne une place très large à l’inconscient dans sa démarche en laissant libre court à son imagination et à l'expérience surgissant du geste et du matériau. Ecoutons-le.
« Tout est partout. Tout se tient. L'équilibre vient des forces des déséquilibres »
Œuvre sans titre, pâte de verre, sisal et lierre. 2019
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Cette œuvre sans titre est un vitrail sans plomb et sans ciment dans sa conception. Les dalles de verre utilisées ont été récupérées et assemblées afin de proposer une dynamique et un rythme à la suspension : le cœur de l’œuvre est chaud et large. Les couleurs se refroidissent et la pâte de verre se fait de plus en plus discrète à mesure que l’œil se dirige vers les extrémités. Avec cette suspension, Claude Braun fait un clin d’œil à l'histoire et à l'activité locales, celles du pays du verre. En assemblant les matériaux de cette œuvre, l'artiste a voulu casser les codes du vitrail. Ecoutez-le.
« Cette œuvre est toute en équilibre et en symbolique. Les lianes de lierre représentent pour moi l'éternité. En tout cas, la durabilité dans le temps. C'est le propos même de mon exposition. Au-delà, la pâte de verre fait passer une belle lumière, celle qui est en chacun de nous. La lumière précède l'ombre, et pour qu'il y ait une ombre, il faut qu'il y ait un obstacle. Bien souvent, l'obstacle, c'est l'humain. Néanmoins, ce serait préférable que l'humain laisse passer la lumière ».
« Ceci n’est pas un tapis », dentelle de sable sur panneau de bois, sisal, pigments de couleur.
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signe ici une représentation d'un tapis mais seulement dans le concept. L’œuvre ne peut, de par sa réalisation et sa fragilité, servir de tapis. Au fond, elle devient en étant accrochée, le tapis idéal de l'artiste.
La technique ici développée par Braun est celle qu'il a baptisé la dentelle de sable. Il s'agit d'agglomérer avec un liant du sable pour le solidifier et le sculpter. L’œuvre revêt dès lors un aspect tridimensionnel donnant de l'épaisseur au propos de l'exposition. Le tapis, cet objet commun, devient beau. Il se regarde. Et devient inutile.
« L'art, toutefois, peut être utile. (Claude Braun) C'est l'interprétation du monde qui nous entoure. Et n'oublions pas que l'art populaire, c'est fabriquer des objets utiles, des ustensiles, bien souvent décorés, puis perpétrés, reproduits, ensuite, par des artisans. Ils faisaient quelque chose de beau avec des matériaux banals. Ils transcendaient le quotidien. Oui, l'art est essentiel.»
« Terre Promise ». Noisetier, terre, fil de fer, feuilles d’or, sisal, cire, alvéoles de nids d’abeilles, grillages, papier de soie, couverture de survie et peinture. Sol et suspension. 2020.
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Le propos de Terre Promise est double. D'abord, celui de la terre promise où coule le lait et le miel, cette ancienne promesse d'un monde meilleur décrite dans les textes fondateurs. La Terre Promise c'est une marche pour y arriver, c'est un exode, au final, c'est l'Exode. Dans l'actualité ensuite, la terre promise, c'est le départ des réfugiés politiques, économiques et climatiques vers un monde meilleur. La couverture de survie utilisée renvoie directement aux images régulièrement véhiculées par les media.
« Chercher l'espérance ailleurs, c'est partir du désespoir. C'est se projeter vers un futur meilleur. C'est vouloir vivre autre chose que le désespoir et, une fois que nous avons lâché prise, nous nous retrouvons dans l'espérance et dans la dynamique de laisser vivre en soi quelque chose qui va vers sa vraie vie, celle à laquelle chacun aspire. Et là, on prend le chemin. » Claude Braun.
Le choix de la feuille d'or est l'expression de l'espérance dans les œuvres de Braun. La feuille d'or représente le ciel et la beauté. C'est elle qui dans cette œuvre, au bout des tiges de noisetier, permet de donner le cap de la bonne espérance. Même si les propos de H-IMPACT sont alarmistes, l'artiste donne une place à l'espérance et à un nouvel équilibre que l'Homme dans son humilité, arrivera peut-être à trouver. Pour cela, Braun dit le mal être en espérant que la prise de conscience fera le reste.
« Cocon ». Terre, sisal, feuille d’or, bourgeons et tiges de noisetier, bois, grès des Vosges, clous, laiton, peinture. 2008
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« Cocon » n'est rien de conceptuel. Ce n'est pas une suspension. Ce n'est pas un discours. « Cocon » c’est un éclat de rire. C'est une expérience.
C'est l'une des premières œuvres que l'artiste a réalisée pour H-IMPACT. Cette petite forme est l'illustration de l'imagination artistique au service de l'esthétique. Elle offre une respiration dans l'exposition et une inspiration pour alimenter l'imagination du visiteur.
Toute en ronde bosse, l’œuvre n'est ni suspendue, ni au sol. Les formes géométriques à la base continuent dans un cylindre de terre, ce dernier étant supplanté par une tige finissant en pliure renvoyant à la fois à la base et vers l'extérieur de l’œuvre. Braun la considère comme une œuvre riante et comme une danse.
« Tribut ». Noisetier, grès des Vosges recouverts de feuilles d’or, peinture et fils de laiton. 2008
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Les lingots d'or enfermés dans le cœur de « Tribut » représentent l’idolâtrie de l'argent qui se referme comme un piège sur nous, qui sommes parfois emprisonnés par notre amour démesuré de l'accumulation de richesses, ou de ce que nous considérons comme étant la richesse. L'enchevêtrement des tiges de noisetier renvoie directement à l'enfermement dans l'addiction.
« Notre monde, tel qu'il est, est entré dans cette idolâtrie. Le monde s'est enfermé dans l'exploitation de l'homme par l'homme. La recherche du profit et la cupidité ont mené nos contemporains à se couper de leurs racines profondes. L'homme s'est transformé et a sans doute perdu son esprit et son fondement : celui de la relation à l'autre.»
L’œuvre a été réalisée dans le contexte d'une exposition collective consacrée au thème de l'idole.
« Les filandreux ». Triptyque tiré d’une série de sept dessins au stylo bille sur support de papier Arches, sisal, grès des Vosges et tiges de noisetier.
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Chacun d'entre nous gribouille. Au téléphone, en réunion, en classe. Le gribouillis, c'est une forme de transgression car l'on devient accaparé par notre geste plutôt que par ce qui nous entoure. Et l'on produit quelque chose qui, parfois, nous dépasse.
Claude Braun a voulu montrer que l’œuvre peut naître du hasard du trait. Un trait, puis un autre, puis des centaines et des milliers de traits finissent par saisir celui qui les a réalisés. Dans ce chemin du hasard, la forme apparaît et l'artisan qui est en chacun de nous, en coupant son attention du monde qui l'entoure et en finissant par se concentrer sur sa distraction transgressive de l'ordre établi, devient dès lors un artiste. Écoutons Claude Braun.
« Au départ, l'aspect aléatoire représente le chaos et m'échappe. Progressivement, par la Raison, j'ai réussi à ordonner quelque chose par le geste répété. Tout prend alors sens. Si je transpose ce propos à ce que nous vivons, le chaos peut se transformer en quelque chose qui nous transcende. »